Un siècle sur ma terre
« Un siècle sur ma terre » extrait d’une biographie
réalisée en novembre 2008 avec Rachel
Ce travail a nécessité 16 heures d’entretiens. Aucun écrit comme support.
EXTRAITS DE SON LIVRE
L’ignorance des enfants
« C’est madame C, la sage femme de la commune, qui m’a mise au monde, comme la plupart des enfants du canton. Elle connaissait tout le monde et chacun se souvient l’avoir déjà rencontré chez lui.
C’est qu’à l’époque personne ne disait rien de l’arrivée des bébés. Pour ma petite sœur, un matin, on nous a dit : « Allez dans les champs garder les vaches, au grand air, cela vous fera du bien ». L’après-midi quelqu’un est venu nous chercher. « Regardez les enfants, une dame vous a apporté un bébé », c’était Marie, ma petite sœur.
On ne se posait pas de question. On nous parlait d’une dame et on savait que c’était Madame C, on la connaissait.
Les enfants ne voyaient rien en ce temps là, ils étaient innocents. Ils se contentaient de faire ce qu’on leur disait, sans chercher plus. »
…
La grande guerre
J’avais quatre ans quand la guerre a éclaté. J’étais trop petite pour me souvenir de la mobilisation. Par contre, je me souviens bien que papa n’était pas là.
Maman lui écrivait des lettres qu’elle me confiait en me disant : « Porte la lettre à la dame sur le chemin, elle la prendra ». C’était une femme qui passait en vélo sur les deux communes pour ramasser et distribuer le courrier.
Aller sur le chemin quand j’étais petite, je le faisais souvent quand passait la diligence chez ma grand-mère Lisa, à La Motte : « Venez voir la diligence » nous criait-elle. C’était le jeudi quand il n’y avait pas d’école.
C’était sur la route principale qui allait de Nantes à Poitiers.
On entendait l’attelage arriver de loin car les sabots des quatre chevaux martelaient le chemin. Le cocher était assis devant et la dizaine de passagers à l’intérieur.
Je sais que la diligence s’arrêtait aux Relais des Trois marchands à B pour que les voyageurs se restaurent. Puis l’équipage repartait sans perdre plus de temps sur Cholet.
Moi, je l’ai seulement vu passer même si dans la côte de La Motte, elle ralentissait tellement que je me demandais si elle n’allait pas s’arrêter.
…
La parole empreinte de poésie
« Ce jour là, Aline avait une robe rose avec un empiècement en voile noir. Elle savait séduire avec ses toilettes.
Elle avait donné rendez-vous à Jean, son fiancé, à B, il faisait un vilain temps, elle a demandé à son père de l’emmener, et elle a eu ce qu’elle voulait.
Elle était à courir comme les oiseaux.
D’ailleurs Jean ne l’a pas mise en cage longtemps : elle a l’a quitté pour un officier de passage qui lui avait promis de l’accueillir à Paris avec son fils. Elle s’est retrouvé seule là-bas et dût revenir bien vite. »
…
Il existait le Petit journal qui coutait 1 sou ou 5 centimes si vous voulez. Le facteur nous l’apportait et on le lisait avec grand plaisir, on suivait les feuilletons régulièrement.
La vie à la ferme
C’était avec des bœufs qu’il fallait labourer les champs. Il fallait aussi traire les vaches. Le lait était vendu à la laiterie, cela faisait un petit profit.
Bien sûr il y avait tous les animaux qu’on trouve dans une ferme : des poules et des coqs, des lapins, des bœufs, des vaches, des chèvres pour le fromage et le cochon qu’on débitait deux fois par an en se faisant aider par les voisins. On salait le lard et puis on fabriquait des jambons, des rillettes, des pâtés, de l’andouille, de la fressure et toute la charcuterie habituelle.
Il y avait une trentaine de poules, beaucoup trop pour espérer avoir de belles fleurs dans la cour de la ferme. Tout ce qu’on pouvait avoir c’était des roses et du lilas, sinon elles détruisaient tout.
Nous, on aidait à récolter les pommes de terre dans les champs. Le plus gros travail c’était au moment des récoltes. J’aimais faire la moisson alors que faire les foins ne me plaisait pas. Je me pliais à la contrainte parce qu’il fallait le faire mais je n’ai jamais aimé faire les foins.
Les blés ou les seigles étaient coupés à la faucheuse, tiré par les bœufs. Il y avait une machine dans la cour de la ferme qui coupait le blé mais au temps de mes grands-parents ils faisaient ce travail à la faux ou à la faucille : là c’était dur, les femmes étaient baissées toute la journée.
Une fois la récolte coupée, il fallait ramasser les javelles et les déposer sur le lien pour faire la gerbe. Toutes ces gerbes étaient mises en tas, le battage pouvait alors commençer.
L’ opération consiste à séparer l’épi des graines des différentes céréales.
Cela pouvait durer plusieurs semaines et occupait beaucoup de journaliers et d’ouvriers venus en renfort des autres fermes alentours.
A l’époque, la batteuse était à vapeur. Les hommes se relayaient par tranche d’une demi-heure pour faire fonctionner ce monstre tressautant, scindé de courroies qu’il fallait alimenter en gerbes pour qu’elle fasse son travail de tri efficacement.
C’était souvent la pleine chaleur et les femmes et les enfants ravitaillaient les équipes en boissons fraîches.
On s’occupait aussi de prévoir le repas et les journées se déroulaient dans une ambiance chaleureuse.
On récoltait le blé dans le grenier et on le revendait pour faire un profit. Après on négociait avec le moulin pour avoir de la farine.
Sur le chemin entre La Poraire et C, il y avait deux moulins. Un moulin à vent sur le plateau qu’on appelait le grand moulin de C et un moulin à eau sur les bords du T. Celui-ci était très bien entretenu : c’était la maison G.
Il fallait faire trois kilomètres de La Poraire pour rejoindre C par le chemin. Maman nous demandait de passer prendre le beurre en rentrant de l’école au moulin. C’était madame G qui nous servait et discrètement elle nous appelait pour nous donner une barre de chocolat.
…
Mes grands-parents faisaient eux même leur pain. C’est grand-mère S qui boulangeait tous les dix jours. Quand on allait les visiter à La Missardière ce jour là, on la voyait s’enfermer dans une pièce blanche aménagée rien que pour ça. Elle faisait son pétrin, pétrissait et cuisait son pain. Il ne fallait pas la déranger quand elle était à faire son pain.
Il était très bon, tout chaud sorti du four. Nous à La Poraire, on confiait la farine pour qu’un boulanger nous fasse le pain.
Mon père partait pour B à la foire pour vendre les animaux, les œufs, du pain et quelquefois, mais très rarement, nous l’accompagnions sur le marché : c’était l’occasion pour maman d’acheter un gilet, des chaussures, un tablier. Quelques années plus tard ce sera mon tour d’aller aider à porter les produits de la ferme au marché pour les vendre et d’en profiter pour passer au magasin acheter le nécessaire.
L’école
Je me revois sur le chemin, la main dans la main de ma grande sœur Charlotte. On s’est retrouvé devant le grand portail, on a passé une petite porte pour arriver dans la cour. Il y avait le préau pour s’abriter. La sonnerie a retenti et on est rentré dans la classe. Il y avait de petites tables mais nous, la religieuse nous a installées sur des petits bancs. Elle nous a donné une ardoise en carton et nous a montré comment faire des O, des A et des bâtons. C’était difficile, mes O n’étaient pas ronds et mes bâtons étaient trop longs. Alors elle est passée derrière nous et nous a remontré comment bien former les lettres.
Nous avons recommencé ce travail tous les jours et inlassablement notre maîtresse nous consolait parce qu’on avait peur de mal faire.
A dix heures trente, c’était l’heure de la récréation, on nous distribuait un morceau de pain et de chocolat puis on sortait dans la cour pour faire une ronde.
On chantait :
« Mon père est cordonnier
Ma mère fait des souliers
Mon petit frère est polisson tire sur le cordon
Ma petite sœur est demoiselle tire sur la ficelle. Youh ! »
Il y avait trois classes : – la première école pour apprendre les lettres
– la deuxième école pour apprendre les syllabes
– la troisième école pour étudier l’arithmétique, la grammaire, la géographie avec tous les départements.
On faisait aussi des dictées.
C’était beaucoup plus dur pendant la troisième école. Moi ce qui me plaisait le plus c’était l’arithmétique.
Un jour, la maîtresse nous donna un problème. J’essayais de le faire avec mon amie Germaine mais pas moyen d’y arriver.
En rentrant le soir, je me suis remise à mon devoir mais impossible de le résoudre alors mon père m’a dit :
– « donne ça, je vais te le trouver ton problème ».
Papa était très instruit, il avait son certificat d’études. Il a pris mon cahier et il s’est mis sur la table. Au bout d’un moment, il a trouvé la solution.
Le lendemain, la maîtresse nous a demandé de montrer notre problème, elle a regardé le cahier et a dit
– « Qui a fait le problème ? »
– « C’est papa »
Elle nous avait donné un problème plus difficile que notre niveau pour nous éprouver. Mais cela n’a pas empêché mon père de trouver la solution.
A la maison on ne parlait pas le patois, on le comprenait mais on ne le parlait pas, c’était mal considéré. Cela aurait été interprété comme un manque d’instruction.Il y avait quelques expressions locales comme « vadan dvors » pour « va dehors » mais cela restait anecdotique d’employer le patois ou alors pour des expressions très usuelles.
L’éducation religieuse
Tous les dimanches on allait à la grand- messe de dix heures trente. On était habillé en dimanche, c’était plus gai. On se pressait mais chaque enfant avait sa place sur les bancs de l’église.
Il y avait une petite équipe de chanteuses et une autre désignée pour couper le pain béni. Quelle peine ils se donnaient pour trancher des petits morceaux de pain pour plus de cent personnes.
Au mois de mai et juin il y avait le Saint sacrement. C’était deux processions organisées dans le village. Pour le cortège les petits étaient devant, puis les jeunes filles, toutes habillées de blanc, après les mères et enfin les hommes fermaient la marche. Un grand dais était porté par les membres du conseil municipal.
Le plus magnifique, c’était que toutes les maisons étaient ornées de fleurs et même les rues étaient décorées de parterres de fleurs, fabriqués par les habitants. Avec l’augmentation de la circulation sur les routes, les processions se sont arrêtées. Quel dommage, c’était si beau, et si émouvant avec les enfants si mignons à se tenir par la main.
Un prêtre nous faisait le catéchisme et il n’aurait pas fallu rater un jour ! Il nous posait des questions sur la vie de Jésus, des saints et sur les écritures. Si on répondait bien, on gagnait des points qui comptaient pour avoir les premières places dans la procession de la communion. Plus on me baratinait au catéchisme et moins je ne me souvenais des réponses !
Avant la communion on devait faire une retraite. On restait avec les religieuses pour nous préparer. On passait le temps avec des discussions, des chants et des jeux.
Le jour de la communion, les filles étaient habillées avec une robe en mousseline blanche, des voiles et des couronnes. C’était à celle qui serait la plus belle.
Les garçons avaient des brassards qu’ils portaient au bras et quelquefois une médaille sur le rebord de leur veste.
J’ai gardé celui de R, c’est le seul que j’ai. Il faut dire qu’on se les prêtait entre familles car cela coutait cher.
Après R, les garçons étaient en aube.
Il n’y avait plus de brassard c’est aussi ce qui explique que les autres n’en n’ont pas eu.
Pour la première cérémonie les filles portaient des couronnes de fleurs en tissu. Pour les vêpres, on se confectionnait des couronnes de vraies fleurs, des marguerites, des roses, des aubépines, les fleurs courantes qu’on cueillait dans nos jardins, sur les chemins.
C’était laborieux à réaliser, on tortillait les fleurs dans une corbeille d’osier, un vrai travail.
Puis avec nos couronnes, nous allions rendre hommage à la vierge : Bonne Marie
Je te confie mon cœur ici bas
Prends ma couronne
Je te la donne
Au ciel, n’est-ce pas
Tu me la rendras.
Certains d’entre nous, portaient leur couronne sur la tombe de leurs parents ou leurs aïeuls pour leur rendre hommage.
Les parents, ce jour là, nous offraient une médaille ou une croix avec un ruban.
Tous les communiants avaient un livre et un chapelet, certains avaient une aumonière, une poche qu’on portait en bandoulière sur le côté.Mon chapelet est cassé depuis longtemps, ses perles étaient toutes émaillées car je l’ai beaucoup utilisé.
Le soir après le souper on faisait la prière du chapelet, c’est maman qui récitait pour tout le monde.
Souvent il y avait deux communions dans la même famille entre sœurs ou cousines du même âge. Pour la préparation des communions, les parents se voyaient beaucoup, ils discutaient pendant que les enfants jouaient ensemble.
Lourdes à cette époque, était encore une petite ville tranquille, ce n’est qu’après la guerre que j’ai vu la différence.
A mon premier pèlerinage, il y avait la basilique Notre-Dame-Du-Rosaire, bâtie près de la grotte de Massabielle et la basilique de l’Immaculée-Conception.
Il n’y avait pas beaucoup d’aménagement pour les gens qui venaient de loin et peu d’accueil pour des groupes.
On n’a même pas trouvé un restaurant. Ce sont des personnes qui nous ont accueillies pour dormir et manger.
J’y suis retournée plusieurs fois par la suite avec mon mari. Je pense surtout au pèlerinage organisé pour les prisonniers. Il y avait beaucoup trop de monde mais la procession était très belle.
Mais c’est mon premier voyage là-bas qui m’a laissé un souvenir inoubliable parce que c’était la première fois que je mangeais un potage à la tomate.
C’est que je ne connaissais pas ce légume ni le choux de Bruxelles d’ailleurs.
La vie dans un mouchoir de poche
Notre mariage fût une grande et belle cérémonie, toute la famille était présente. A la mairie et à l’église, nous avons rompu le ruban des oboles. Il était de coutume que les jours de noces, les personnes modestes posent une assiette de chaque côté du passage des mariés, après avoir déroulé un ruban entre deux chaises. Ils recueillaient ce jour là un petit pécule.
C’est S, ma cousine germaine, qui a confectionné ma robe de mariée car elle était couturière. C’était une robe en crêpe Georgette avec un joli voile. Je voulais un modèle sobre, sans arceau. Elle était toute simple, partait sous la poitrine et descendait sans fioriture jusqu’aux pieds. Il faisait très chaud ce jour là.
A l’église je n’ai pas été conduite à l’autel par papa mais par Monsieur D. C’est un honneur qu’il faisait à la famille.
Après la cérémonie, nous sommes partis en voiture jusqu’à B pour nous faire photographier.
On a rejoint la noce au café- restaurant à B. Il y avait une centaine d’invités. Ma famille était contente d’aller à B, cela changeait des fêtes de C.
On savait danser la polka et la valse parce qu’on participait à beaucoup de veillées.
Mais ce que je préférais c’était la danse de quadrille : quatre d’un côté et quatre de l’autre. On tournait au son du violon. Il n’y avait que cela à l’époque. L’accordéon n’était pas encore arrivé dans nos campagnes.
Après le bal nous sommes rentrés à pied à la ferme à B. Une chambre nous attendait. Mais T, le fils de nos voisins, débarqua en pleine nuit avec des joyeux fêtards et nous empêcha de nous coucher. Il a fallu retourner à B dès le lendemain matin pour préparer le déjeuner pris tous ensemble. L’après-midi nous sommes partis en « cage » pour récupérer mon trousseau et une armoire chez mes parents à la ferme de La Poraire.
Je suis allée trois fois à Paris et c’est bien suffisant !
J’étais impressionnée par la hauteur de Notre Dame et par le nombre de marches dans les escaliers qui mènent au Sacré cœur. Arrivés en haut sur la place je n’avais jamais vu autant de peintres. Mais à part cela, je n’y ai pas trouvé grand intérêt.
Roland nous a emmené voir décoller les avions à Orly. Je ne suis jamais montée en avion mais si on me pose la question de savoir si je serais montée dedans si j’en avais eu l’occasion, je ne peux pas répondre car je ne sais pas. »
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