
LA PORTE
« LA PORTE »
Ce livre a été réalisé à partir de 26 heures d’enregistrement de son auteur. un travail de 110 heures de retranscription, de réécriture et de réadaptation pour en restructurer le récit afin de créer une histoire non chronologique réservant le dévoilement du récit.
La couverture a été réalisée à partir d’une aquarelle originale de Nathalie Richard – natpaint@gmail.com-
EXTRAIT DU LIVRE
Debout dans l’obscurité, j’attends. Je sens une odeur forte de bois mouillé, mêlée d’effluves rances d’huiles de moteur usagées. Je n’ose pas encore m’asseoir. J’ai vu, en grimpant dans le conteneur, que le sol est en bois usé et sale, maculé de poussière. Le doute s’insinue en moi, tiraillé que je suis entre le danger auquel je m’expose et le désir viscéral de m’enfuir de ce piège de métal.
Mon compagnon, m’a dit que le bateau devait partir à 21 heures. Mais comment savoir l’heure, nous n’avons pas de montre ni lui, ni moi, ni son copain qui, au dernier moment, a embarqué avec nous.
Je les épie, je sais que je dois me fier à eux pour le voyage car ils sont bien plus vieux que moi. Je ne suis qu’un gamin à côté d’eux, surtout le grand gaillard, à qui j’ai fait confiance car je n’ai pas le choix.
Je n’ai trouvé que lui pour m’aider à partir, à tenter cette aventure. Sur le moment, je me suis dit « super », j’ai réussi à m’embarquer pour partir. J’étais rassuré de voir avec quelle simplicité les choses s’étaient déroulées jusqu’ici. Il n’y avait plus quà se procurer à manger pour le voyage qui devait durer cinq jours jusqu’au Portugal.
Nous sommes partis acheter un paquet de gâteaux « Prince » et une bouteille d’Evian, j’ai payé très vite, angoissé à l’idée que le bateau parte sans moi et nous sommes retournés sur le quai. Le conteneur était toujours là.
Sous un soleil de plomb, nous avons attendu dans le grondement de l’activité du port. Je me dévissais la tête pour suivre le ballet aérien des grues d’acier qui, dans un va et vient bien réglé, soulevaient les conteneurs pour construire une énorme montagne métallique. Je lorgnais aussi le conteneur, craignant à tout instant qu’il disparaisse et mon rêve de partir aussi.
Je jetais régulièrement un oeil au grand gaillard, qui surveillait les alentours et guettait le moment propice pour filer vers le conteneur.
Soudain il m’a dit »on y va » et je me suis élancé à sa suite. Je ne pensais à rien, comme si mon cerveau était vide, incapable de raisonner, ne réalisant pas ce que j’étais en train de faire.
Il m’a aidé à escalader le premier conteneur pour atteindre celui qu’il avait repéré et qui devait être embarqué à bord du cargo.
Après avoir réussi tous les trois à nous glisser dans le conteneur, l’un deux m’a dit fermement « va au fond ». J’ai obéi, m’enfonçant à tâtons dans l’obscurité. Je me suis assis, puis vivement, je me suis relevé, encore sous le choc de ma course, incapable de rester immobile, tant mon corps était traversé de décharges nerveuses. Les battements de mon coeur sont si violents que j’ai la sensation qu’il va sortir de ma poitrine.Eux sont restés près de la porte du conteneur.
Après plusieurs minutes angoissantes, je finis par me rasseoir, me tranquillisant peu à peu. Petit à petit je m’habitue à l’odeur, et à la chaleur de l’énorme boîte qui nous protège.Les jambes repliées sous la poitrine, je lève la tête, je suis aux aguets mais seul le silence me répond. Plus aucun bruit ne nous parvient, preuve que l’heure doit être avancée. J’ai du somnoler pendant un petit moment. Pourquoi c’est si long. Ils savent peut être que nous sommes à bord et ils fouillent le bateau.
Cela doit bien faire deux heures que nous sommes enfermés. L’attente insupportable n’a pas l’air d’affecter mes compagnons qui parlent tranquillement entre eux dans un dialecte que je ne comprends pas.
A la maison on a toujours parlé le français même si mon père parle l’anglais, qu’il est obligé de pratiquer pour traiter ses affaires au garage.
Lui ne saura rien, de mon escapade, il n’a rien fait pour me retenir cet après-midi quand je lui ai dit « je pars ». Je pensais avoir le courage de lui demander l’argent mais nous nous sommes regardés en silence et je me suis sauvé. Qu’est-ce-que j’aurais pu lui dire ? Papa, aide moi à fuir cette vie de misère que tu n’as pas pu éviter pour moi et maman. Donne moi ces billets, dans ta caisse pour me donner une chance, celle qui ma été reprise
Il n’a même pas remarqué que j’avais enfilé le costume sur mesure que maman avait fait pour moi pour le dernier réveillon, mais que voyait-il à présent ?Je l’ai laissé là, derrière le bureau où je me suis assis tant de fois au temps des jours heureux. Je suis vite rentré à la maison pour récupérer la machine singer. J’étais pressé alors j’ai planté aussi ma grand-mère, assise sur la terrasse, qui m’a lancé « Tu vas où ? » Je l’ai regardé intensément, gravant dans ma mémoire l’image d’elle que je savais être la dernière que j’aurai d’elle et sans lui répondre j’ai filé.
Related Posts
- "Un coup de pied dans les étoiles" J'ai pris énormément de plaisir à travailler sur ce projet. L'épopée magistrale de de héros des temps modernes, nous promène dans les arcanes du pouvoir de l'hôtellerie de luxe , sans pour autant tomber dans la description fastidieuse de ses responsabilités. Nous assistons…
BIOGRAPHIE "Le titre t'appartient" réalisée avec Dalila en mai 2014 L'histoire d'une petite fille kabyle arrachée à sa terre natale, qui bascule dans la modernité à son arrivée de France dans les années 1975. Entre ses souvenirs d'une terre lointaine et chérie et les anecdotes de son arrivée en France,…
- Biographe privé Objectifs d'une biographie Transmettre l’histoire de sa vie et de ses anecdoctes à ses proches Faire trace avant que la mémoire ne se trouble Témoigner d’une expérience particulière Contribuer par son témoignage à la grande histoire des hommes En vous apportant la méthode et les outils nécessaires pour…
ROMAN "AU-DELÀ DU VERTIGE" Un roman de 291 pages dont j'ai corrigé le manuscrit en Juin 2014 en collaboration avec son auteur: François JALADEAU. Roman dont j'ai écrit la Préface et la quatrième de couverture: PREFACE François JALADEAU, jeune auteur, éternel amant se lance dans une première œuvre exigeante car…
- "Ma vie au long cours entre terre et mer" biographie réalisée en 2008 avec Constant, retraité de la marine nationale. Constant m'ayant confié son journal de bord écrit alors qu'il était dans la marine, son livre a nécessité 6 heures d'entretiens et 9 heures de réécriture de ses écrits originaux.…
"L'AUTODIDACTE" A partir d'un livre de 250 pages, écrit par son auteur , Jean claude, un travail de réécriture de certains chapitres, de restructuration de textes, de correction de l'ensemble du manuscrit s'est déroulé sur 60 heures. La couverture a été réalisée pour l'auteur, sur une idée originale de Nathalie…
Biographie "L'histoire de ma vie" par Menie Une vie simple et joyeuse, ponctuée d'anecdotes légères et de douleurs où Ménie décrit la misère d'autrefois qui sévissait à l'époque de ses grands-parents en Vendée. Elle nous plonge dans la vie quotidienne dans le saint-Gilles de l'occupation allemande avant de nous entraîner…